En forme de programme (P. Ballouhey)

Chers collègues, chères collègues,

Les dessins non rémunérés

J’ai travaillé beaucoup et gratuitement pour La Mèche, c’était un journal bien fait et il y avait un espoir, l’équipe dirigeante a décidé de le saborder parce qu’ils ne pouvaient pas se payer. Dommage. Pour Barricade c’était différent, Yves Frémion nous demandait des dessins déjà faits ou même déjà publiés, il leur donnait une seconde vie et nous permettait une audience nationale. Le journal Zélium semble être en difficulté et ne doit sa survie qu’au bénévolat de quelques dessinateurs et auteurs de talent. C’est un paysage de catastrophe. On a tous travaillé bénévolement pour un nouveau journal, mais a partir du moment où ce journal paraît depuis un certain temps, se vend, il est temps que le “patron” quand il va pleurnicher chez son banquier, pense à demander une rallonge pour rémunérer les indispensables auteurs. Ils trouvent toujours les moyens de payer l’imprimeur, le routage, les fournitures de bureau, les logiciels, les forfaits internet et de téléphone…

Après, il y a les dessins offerts pour des causes humanitaires, c’est une chance et un honneur pour nous de pouvoir participer à des actions pour le DAL, les Restos du Cœur, La Fondation Abbé Pierre et d’autres avec notre travail.

Un syndicat ?

La Feco ne peut pas être un Pole Emploi des dessinateurs. Faites prospérer vos blogs, vos comptes FaceBook ou Twitter.

Je n’ai jamais su comment The Guardian m’avait détecté et découvert, probablement grâce à mon blog, ni pourquoi ils ne m’ont plus demandé de dessins au bout de deux ans. Perfide Albion !

La Feco ne peut pas être un syndicat pour deux raisons, elle n’en a pas les moyens, on n’est pas assez nombreux et en conséquence on n’a pas assez de trésorerie pour fonctionner comme un syndicat. Je vous propose justement de vous faire partager les informations qu’ils diffusent.

Deuxièmement, les syndicats de journalistes (reporters dessinateurs) existent déjà, on peut y adhérer, si on travaille régulièrement depuis un certain temps pour un support papier. Demandez à la rédaction un contrat, un statut de pigiste, ce n’est pas facile mais il faut essayer…

Il reste que la Feco peut intervenir et faire pression par courrier sur un média, nous sommes un groupe de plus de cent adhérents, une corporation. Personne ne connaît notre force. Il nous faut aussi aller chercher de nouveaux adhérents et essayer de réintégrer ceux qui nous ont quitté.

Les outils de la Feco

L’Almanach est un outil exceptionnel, c’est la vitrine de la profession, les dessins ne sont pas payés, c’est vrai, mais c’est un ouvrage estampillé Feco, c’est à dire “Vous”. Vous pouvez les commercialiser vous-même dans les salons, les festivals ou d’autres circonstances et ainsi vous défrayer de votre participation, beaucoup d’entre nous le font.

Fécocorico est de la même veine, il publie des dessins déjà publiés et relate la vie de notre profession, tout comme le site qui va être rénové, peut-être lisez-vous déjà la nouvelle version.

L’avenir de la presse

Le vrai problème reste que la presse écrite papier se meurt, c’est un phénomène mondial, le premier budget que l’on sucre dans un journal qui bat de l’aile, c’est le dessin.

La presse dessinée en ligne ne s’autofinance pas, l’échec d’Urtikan à être payant le prouve.

Le succès de Médiapart, le seul journal payant en ligne se fait sans dessins.

Savez-vous combien un dessin est payé sur le Huffpost, Rue 89, 20 Minutes, Agoravox ou d’autres journaux en ligne ? Clopinettes.

Il faut, si on veut vivre de ce métier, réfléchir à cette nouvelle voix. Comment se faire rétribuer sur les journaux en ligne ?

Je ne parle pas là des sites conviviaux animés par des dessinateurs par pure camaraderie comme “Dessin de presse”, “Soyons sérieux”, “Infos Matin” ou “Iconovox” et “Cagle” qui eux tentent de revendre les dessins.

Heureusement, il reste toujours d’autres possibilités : le dessin en direct en conférence, congrès ou séminaires, les caricatures en événementiel et l’édition… et l’autoédition.

Servons-nous ce site pour brasser des idées et trouver des solutions.

Bien fécordialement votre

Ballouhey